Crépuscule - Rétribution

Il ne fut pas aisé de rassembler tous ces exilés venant de tous horizons. Ils s'enfonçaient alors dans Center Park sous un ciel couvert témoin du temps incertain de cette nuit de vendredi. Tous étaient conscients que cela n'était qu'une question de temps avant que leur attroupement ne fasse des vagues, alertant les machines qui y enverraient alors des agents. Les deux groupes fusionnèrent à contre-coeur, comme l'eau et l'huile. Pourtant, quelque chose tenait ces créatures en place, laissant place à de légers murmures issues de conversations allant de l'excitation à l'indiscrète soif de sang. Il y avait un cercle fermé au centre de la foule où se tenaient d'éminents buveurs de sang et leurs homologues lycans, tous dévisageant leurs frères insignifiants, comme pour affirmer leur autorité.

Finalement, une voix s'éleva au-dessus de toutes les autres, "Pour combien de temps encore?" Une immense clameur suivit, tous ces gosiers exprimaient d'une seule voix leur frustration.

"Pas trop longtemps, sûrement." Un des éminents buveurs de sang ajusta nonchalamment le drap de son habit de cérémonie tout en s'adressant à la foule. "Ils nous ont fait venir ici dans un but bien précis, et nous devons attendre patiemment l'arrivée de Lord Malphas et de votre matriarche Ookami qui nous expliquerons la prochaine étape de leur majestueux dessein. Rappelez-vous, ils ont tous deux été très occupé aujourd'hui, mais ils voudront assurément nous féliciter tous pour le bon travail que nous avons accompli."

Il y eu à nouveau des grognements d'impatience. Les esprits s'étaient échauffés après ce jour de labeur, pendant lequel ils avaient eu l'occasion de voir à l'oeuvre les humains "libérés".Ils avaient d'ores et déjà nettoyé de fond en comble le parc de son gang local juste pour le plaisir de la chose, les corps de nombreux Chisels gisant à même le sol comme des jouets abandonnés.

Un des serviteurs d'Ookami poursuivit la conversation, attirant plus ou moins l'attention de tout à chacun, "Les humains sont pressés d'en découdre. Ce fut un jeu d'enfant d'amener les laquais du Merovingien à attaquer les zionistes et les machinistes !"

Les bavardages dissonants dus aux réactions de liesse couvrirent presque le son des pneus crissant à un stop sur l'allé de service d'à côté. Cependant, le grincement de la tôle lorsque l'on claque les portières d'une voiture, stoppa net les bavardages comme si ils avaient été victimes d'une force surnaturelle, une grande vague de frissons parcourue alors la foule où les têtes virevoltaient de confusion. Une deuxième, bien plus ciblée marqua l'arrivée d'un autre lycan éminent, créant un couloir au milieu de cette mer d'Exilés de toutes sortes pour faire de la place à la silhouette sculptée d'une buveuse de sang qui le suivait dans son sillage.(Il faut voir là une métaphore filée conduisant à la représentation symbolique de Moïse divisant la mer en deux, créant ainsi un couloir, NdT.)

L'anxiété de la foule atteint des sommets, quémandant des nouvelles pendant que les nouveaux arrivants rejoignaient le cercle privé et passait quelques courts instants à s'entretenir. Puis la femme la dernière arrivée bondit sur un banc du parc, levant ses bras pâles pour attirer l'attention. Le silence tomba sur la foule. Il y avait de l'électricité dans l'air.

"Nos jeux avec les humains aujourd'hui ne sont pas passés inaperçus." Elle laissa ses mains retomber lentement le long de son corps, elle regarda autour d'elle la foule, des flammes brillaient dans ses yeux. "Ils n'ont pas seulement remarqué; ils se sont vengés. Ils ont contre-attaqué de la manière la plus douloureuse qu'il soit. Ils ont fendu le coeur même de notre résistance! Malphas et Ookami manquent à l'appel!"

Le pandemonium fit irruption de tous côté et les lycans de même que les buveurs de sang réclamèrent à l'unisson sang et vengeance. Le tintamarre augmentait horriblement, jusqu'à ce que le lycan mâle bondi sur le banc et fit de grands signes avec ses bras, gueulant pour avoir le silence. Cela prit un moment mais l'ordre revînt finalement et le bruit commença à s'étouffer assez pour qu'il puisse parler à voix haute et être compris.
"Ils ne sont pas mort ! Nous savons que même le Merovingien ne s'y risquerait pas. Ils sont retenus prisonniers, mais nous ne savons pas où." Levant un poing haut au-dessus de la tête il lança énergiquement, "Nous les trouverons. Nous les délivrerons et nous ferons regretter cette erreur aux humains!"

Des voix s'élevèrent dans des hurlements (Nous parlons là du cri du loup, NdT) d'acquiescement furieux pendant que les éminents buveurs de sang et lycans commençaient à quitter les lieux, la horde se scindant en plusieurs petits groupes dédiés à la vengeance.