Crépuscule - Un tandem de choc

"Bon, ce petit plan astucieux n'a pas fonctionné. Dès que les agents s'en mêlèrent, ce fut peine perdu." La voix terne se mêlait à la sinistre musique émise par une télévision dans un coin de la pièce. Malphas essayait de paraître détendu dans la chaise rembourrée laquelle il avait faite sienne, ses longs doigts agrippant les extrémités des accoudoirs. Ceci n'était que pure mignardise, l'exemple parfait de la posture dissimulant difficilement une rage amèrement refoulée.

"Oh, ce n'est guère la pire nouvelle de la journée. Il semble qu'au moins un de tes gars fut très occupé de son côté," ronronna Ookami. S'étirant nonchalamment, elle lui sourit du sofa ayant pour motif des fleurs roses, tout en sachant que cela allait l'énerver encore plus.

Il y eu plusieurs petits tapotements, ses ongles affûtés faisaient des trous dans le tissu de la chaise. "Je suis au courant de la trahison d'Invalesco. Ne t'inquiètes pas, je lui réserve certaines réjouissances," cria Malphas. Il baissa ses yeux rouges du vague foyer sur le pan de mur en bois au-dessus de lui, sur le visage de sa co-conspiratrice. "Tu ne vas quand même pas croire que c'était une diversion planifiée?"

Après un bâillement, Ookami commença à inspecter ses griffes, passant le bout de sa langue sous l'une d'elles pour en enlever les traces de sang. "Je peux croire tout un tas de choses. Il me semble très étrange que tes Buveurs de sang aient pris tant de temps pour arriver. Tout comme si ils attendaient des lycans qu'ils fassent tout le boulot...ou bien qu'ils soient détruits."

Un léger sourire se dessina sur le visage de Malphas, et sa voix se propagea sur un ton de chaleureuse camaraderie, "maintenant, maintenant, depuis combien de temps travaillons-nous ensemble? Comment peux-tu tenir de tels propos?"

Pendant un bon moment le seul son dans la pièce vînt de la télévision, de faibles cris d'horreur amalgamés avec un déchirement viscéral et des éclats de verre. Puis Malphas reparla, clôturant le sujet précédent d'un élégant geste de la main, "il ne sert à rien de ressasser les difficultés passées. Devons-nous procéder au plan B?"

La télévision captait toute l'attention de la femme lycan, ses yeux à demi-ouvert clignotant singulièrement dans la lumière réfléchi. "Je suppose que oui. Les humains sont facilement mis à mal et manipulés. Je suis sûr que l'on pourrait en tirer parti pour se débarrasser du Merovingien, malgré nos récentes attaques."

"Bon alors, je vais faire ami-ami avec les humains pendant que tu nettoies les lieux." Malphas se leva du fauteuil partiellement râpé et avec arrogance quitta la pièce à grandes enjambées. L'éclat fielleux d'Ookami le suivit jusqu'au pas de la porte.

Avec un léger grognement provenant de sa gorge, Ookami se leva et rôda jusqu'au coin de la pièce, attrapant l'ancien propriétaire à la cheville. Une tâche de sang se répandait sur le tapis grisâtre alors qu'elle traînait le corps inanimé dans le hall, se dirigeant vers le rez-de-chaussée.