Crépuscule - Invalesco : une étoile montante

Un : Prisonnier

Invalesco regardait autour de lui les murs de la structure carcérale. Il avait observé de subtiles modifications dans la trame du code des murs, prenant connaissance des évènements extérieurs de la même façon qu'un homme avec les oreilles collées aux murs de sa cellule, écouterait ce qui se passe.
Quelque chose devait certainement se passer. Les murs d'une autre structure étaient tombés, relâchant les Lycans et Buveurs de sang emprisonnés à l'intérieur. Tehort cria de joie à sa sortie, envoyant des ondes de chocs au travers du code des murs de la cellule d'Invalesco. On entendit chanter Beherit lorsque sa cellule fût dévérouillée et qu'elle fût libre.
"Ne devons-nous pas relâcher celui-ci, Feronus?"
Une voix perça les murs, et le coeur d'Invalesco se mit alors à battre la chamade. Cela semblait faire une éternité qu'il rêvait de liberté, et d'une chance de se venger de Malphas et de sa trahison. Peut-être était-ce là sa chance.
"Non, il doit rester là. Le seigneur Malphas a été clair sur le fait qu'Invalesco était trop dangeureux pour être relâché maintenant."
"C'est votre frère!"
"Il ne représente rien à mes yeux. Malphas a juré ma perte si je ne me ralliais pas à lui."
Les murs blêmes de la prison brillèrent un moment en réponse à l'indignation et la colère d'Invalesco. Son propre frère! Son propre frère le laissait de côté! Invalesco n'avait aucune idée de ce qui avait pu se passer à l'extérieur de la prison de Blackwood, mais si les autres Exilés avaient pu être libérés, alors il méritait sûrement d'être relâché lui aussi!
Le Buveur de sang piègé fixait les murs dans sa détresse, puis devînt enragé. Lentement, les murs passèrent du blanc de l'emprisonnement, au gris, s'estompant en un rouge terne dans le brouillard de sa fureur. Il se projeta mentalement et physiquement contre le mur en criant le nom de son frère.
"Feronus! Laisse moi sortir! Feronus! FERONUS!"

Deux : Liberté conditionnelle

Le temps d'Invalesco était compté. De temps à autre, Il arrivait que Blackwood et la tour carcérale soit perverti, modifié, pour qu'ensuite tout rentre dans l'ordre. C'était arrivé quatre fois, quand un jour...
"Sorts de là, asticot."
Le seigneur Malphas se tenait devant Invalesco. Il était clair que le seigneur Buveur de sang avait gagné en puissance depuis qu'Invalesco l'avait vu pour la dernière fois, il y avait une éternité. Sa peau translucide brillait avec une force intérieure à faire pâlir les murs de la prison. Observant son propre code, des chiffons et lambeaux en guise de vêtements et de chair, Invalesco réalisa qu'il était à deux doigts de perdre de sa stabilité. Si Malphas n'était pas venu, Il ne resterait du vieux Buveur de sang qu'une flaque de code foutu.
"Je suis venu pour une seule raison. Ton frère, Feronus, m'a expressément demandé de t'abandonner ici, mais j'ai un travail dont il est possible que tu sois le seul pouvant le mener à bien. Je te fais confiance sur ce coup, mais si tu échoues..."
Les murs de la bâtisse changèrent à nouveau, cette fois là en dagues qui lentement poussaient comme des épines sortant du mur. A chaque bout de chaque épine poussait une douzaine d'épines, progressant un peu plus profondément dans la cellule. Jusqu'à ce qu'Invalesco soit forcé de s'enfuir à quatre pattes. Apeuré il se retourna pour contempler la cellule exigu dans laquelle il avait passé des siècles.
"...tu y retournes et plus jamais l'on entendra parler de toi."
A cet instant précis, les épines devînrent grises et dures comme l'acier, frottant les unes contre les autres dans un bruit métallique jusqu'à se rejoindre au centre.
Renvoyant aux oubliettes une éternité de haine dans le seul but de survivre, Invalesco fît glisser sont regard du piège mortel jusqu'à Malphas. Il prit soin de laisser transparaître un sentiment d'effroie dans son regard, bien que sa fierté en prenait un coup de laisser le seigneur Buveur de sang voir sa faiblesse. Malphas baissa les yeux en remerciement.
"J'ai besoin que tu infiltres les rangs des humains qui ne sont totalement connectés à la Matrice. Je veux que tu découvres si ils veulent me servir."

Trois : Les yeux plus gros que le ventre

Après des siècles d'inaction, Invalesco ne fut rien de moins qu'intoxiqué par l'explosion des sens induite par la Mega City. Il sautait de bâtiment en bâtiment, s'élançant dans les airs, bondissant légèrement, dansant.
Pour son propre plaisir, il mit le feu à un immeuble voisin, observant les humains terrifiés à l'intérieur se précipiter dehors. Débarquant au milieu d'eux, il se nourrit jusqu'à être rassasié, le visage et le menton ruisselant de sang.
Un agent apparu.
Se retranchant au plus profond des fondements patrimoniaux de son code, Invalesco utilisa les sous-programmes lui ayant conféré tant de pouvoir lorsque la Matrice n'en était encore qu'à ses premiers balbutiements.
Pouvoir qu'il avait perdu au profit de Malphas. Pouvoir qui serait de nouveau sien.
Regardant l'agent s'effondrer au sol, son code renvoyé à la source pour réparation, Invalesco sentit les prémices d'un plan se dessiner.

Il échantillonna le code autour de lui. Il se régala de ce festin flottant dans the Barrens. C'était comme si the Barrens avait été créer pour nourir son espèce. Il observait le flux de code. Des étoiles scintillantes de code de sang humain parcouraient les rues à intervalles réguliers, comme le sang coule dans les veines. Mais il y avait plus. Des serpentins d'énergie fonctionnelle serpentaient le long des entrées du métro, des bonus de données issues de failles dans le décor formaient des boules d'énergie aisément cultivables. Ce monde était la perfection même.
Il ne s'occupa pas de la tâche que Malphas lui avait confié. Si il partageait ses sous-programmes cachés avec des humains triés sur le volet, ensembles ils pourraient facilement submerger la Matrice et la plonger dans une nuit éternelle contrôlée par les Buveurs de sang.
Et Invalesco dirigerait ces derniers.
Il se rendit à Manssen Park, là où il savait que de jeunes membres de son espèce résidaient. Les chassant de leurs quartiers généraux dans l'Eglise des Disciples, Invalesco se mit à rechercher les humains dont Malphas lui avait parlé. Le temps c'était de l'argent. Après tout, il y avait bon nombre de ces ressources éphémères dont il pouvait tirer profit, à présent.

Quatre : Le prophète

Cela devait arriver. Invalesco l'avait appris de la bouche de Beherit elle-même.
Malphas était parti. Et non seulement parti, mais de surcroît enlevé. Retenu prisonnier comme lui auparavant.
Invalesco savait que son heure était venue.
Il étudia les autres de son espèce, travaillant avec les Lycans, insurgés contre leurs maîtres, séparant les humains de tous types. Cherchant Malphas. Cherchant Ookami.
Tout le monde les recherchaient, à l'exception d'Invalesco.
Il commença à recruter.
"Aimeriez-vous vivre pour toujours? Immortel? Invulnerable? Etre autorisé à faire tout ce que vous souhaitez?"
Les nouveaux humains, ceux n'étant que partiellement connecté à la Matrice, l'écoutèrent. Un se rallia à lui. Deux. Dix. Une centaine. Il prit conscience que tous ceux qui le servaient n'allaient pas seulement le rendre plus libre - il était devenu le plus puissant de toute la Matrice.
Une nuit éternelle tomberait. Ses rêves de partager son savoir relatif au code avec les humains étaient sur le point de se réaliser.